mercredi 1 avril 2020

Le journal d'un confiné (acte 6 : Le désespoir des plus grands)

Jour 14
Finalement la vieillesse a du bon. Ce n'est qu'une vieillesse naissante, si vous me permettez cet oxymore, mais elle me donne l'occasion de bénéficier de beaucoup d'attention. Il ne se passe que peu de temps sans qu'une personne s'enquiert de  ma santé.  Un sms par ci, un courriel par là ou encore une communication téléphonique....oh oh oh ! suis je si  fragile ? c'est vrai que j'ai largement dépassé l'âge médian des personnes en réanimation.....mais jusque là tout va bien.
Tout ça, ce ne sont que des moments où l'ennui se repose ( si je peux me permettre de plagier Léo Ferré).
Le reste du temps on se confine. Se confiner c'est aussi se côtoyer, et ce n'est pas une mince affaire. Dans des périodes plus fastes, on se supporte, on s'aime bien, on se  fait du bien, ou on se distrait ou on essaie, bref on se côtoie peu. Sauf quelques temps plus ou moins brefs où on essaie de s'endormir. Se confiner, ce  n'est pas seulement se  protéger ou s'enfermer mais c'est aussi se renfermer sur 
soi-même. Pas pour faire la gueule, mais pratiquer un genre de retour en arrière nostalgique  qui permet de faire un bilan intermédiaire d'un épisode, d'un bout de vie qu'on a perdu sans s'en rendre compte. C'est même accepter des moments mélancoliques sans amertume et sans regrets. De toutes façons, on ne peut faire autrement, il faut bien jouer avec.
Déjà deux semaines.

La mélancolie    c'est un désespoir qu'a pas les moyens      Léo Ferré
Jour  15
La période que nous traversons confirme  les capacités ou les fragilités  des uns ou des autres. Pour les  hommes de pouvoir qui doivent faire face à cette urgence  sanitaire, la moindre erreur ou retard pris dans une décision devient vite impardonnable aux yeux de tous. La gestion de cette pandémie confirme ce qu'on pensait de certains mais sert aussi de révélateur pour d'autres.
Pour d'autres encore, tout était évident avant, et ils n'ont pas déçu.
Le meilleur d'entre eux, Bolsonaro. Il ne croit toujours pas en la gravité de l'épidémie. Il prodigue des conseils inconcevables, critique le confinement ....même tweeter est obligé de supprimer ses tweets.
Trump le suit de près. Je pense qu'après des déclarations à l'emporte pièce comme il a le secret, il a enfin compris l'ampleur  du drame qui va se jouer,  mais je n'en suis pas certain. Sur  son visage rien ne transparaît, mise à part son air ... habituel. Il ne veut pas sacrifier l'économie pour la santé des américains. Sera t'il capable d'une fulgurance pour éviter une catastrophe xxl ?
Dans un autre genre, il y a Victor Orban, démocrate bien connu qui en profite pour s'octroyer tous les pouvoirs. La loi d'état d'urgence sanitaire de Macron apparaît comme timidement ridicule face aux pouvoirs désormais dictatoriaux du Premier Ministre hongrois.
Et puis, il y a Boris Johnson. Il est passé du déni, attitude quasi générale au début, pour ensuite préférer laisser l'épidémie se répandre pour contaminer la bagatelle de 40 % de la  population à un confinement à l'italienne, puis décider après être lui-même contaminé, un confinement classique. Autre dilemme à gérer par cette copie trumpienne, qui semble bien plus intelligente, solliciter l'aide ou pas de l'union européenne. Quelques semaines après le brexit, c'est quand même ballot ! Et pourtant les respirateurs sont indispensables en grand nombre ; dans l'UE ce n'est pas simple mais sans l'UE...ça coûte et ça ne sert à rien disait-il.
Les  cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.    Michel Audiard

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