vendredi 24 avril 2020

Le journal d'un confiné (acte 19 : La retraite exagérée)

Jour 38
Il y a moins d'un an j'étais encore en activité et comme beaucoup, j'avais du mal à me projeter et à imaginer une vie de retraité. En réalité la vie de retraité ne m'intéressait guère, j'en avais juste assez, l'heure était venue. Je n'avais plus rien à me prouver, plus rien à attendre, plus la force de me renouveler, pas envie de me planter. Juste besoin de me reposer  et de me retrouver, tranquillement ; j'étais à peu près certain que je ferais d'autres trucs nouveaux, intéressants sans projet ou voyage extraordinaires. Evidemment je ne me doutais pas que j'allais devoir subir comme des milliards d'êtres humains un confinement où, pour le coup, je suis totalement inutile. Un troisième ligne qui assiste médusé et impuissant à une catastrophe sanitaire inédite depuis un siècle. Finalement on pourrait se mettre à regretter le bureau avec tous ses petits soucis et toutes ses petites ou grandes satisfactions. C'est trop tard mais on oublie jamais.
Par contre, le confinement est très instructif pour un actif qui se demande à quoi ressemble une vie de retraité. La retraite c'est en quelque sorte un confinement soft. Ou à l'inverse le confinement c'est la retraite extrême. La retraite, c'est un confinement choisi qui s'arrête dès qu'on le souhaite. Le confinement, c'est une retraite imposée où l'on dépense peu même si l'on a beaucoup. Alors que la retraite, on peut dépenser beaucoup d'argent bien qu'on en dispose que de peu.
J'ai cassé le mythe de la retraite dorée et c'est tant mieux car la retraite pourrait être magnifique en étant jeune et riche. Il ne faut pas se faire d'illusion car la retraite c'est la vieillesse plus ou moins affirmée, plus ou moins assumée
Au temps où la retraite sociale telle qu'on l'entend aujourd'hui n'existait pas, on parlait de retraite au  sens propre. On se retirait (enfin quand on pouvait). Le moment était venu pour vieillir caché. Dans ses "Essais"  Montaigne, en abordant le thème de la vieillesse, écrivait qu'il voulait l'accepter courageusement, en réalité ce n'était qu'à reculons. Il voyait dans la mort une belle fin de la vieillesse, car avec le temps qui passe il ne restait plus grand chose de l'homme. La mort enlevait enfin ce qu'il restait. Montaigne ne croyait pas à la sagesse :  
depuis longtemps je me suis envieilli mais assagi je ne le suis pas d'un pouce

Je parle comme si je connaissais tout de Montaigne et comme si j'avais tout compris. Désolé pour le littéraire qui va se perdre sur ces quelques lignes. Je ne l'ai pas fait exprès. Je ne recommencerai pas.
Néanmoins, coincé sur ce thème si drôle de la vieillesse je repensais à une chanson superbe de Thiéfaine (ça change de Montaigne) traitant de la maladie d' alzheimer, belle angoisse aussi liée à la vieillesse :
Je suis l'étranger dans la glace mais ma mémoire s'efface
C'est drôle, n'est ce pas !

Un autre qui ne doit pas rire tous les jours, c'est ce nouveau Ministre, celui du déconfinement.
Castex, ex collaborateur de Sarkozy, est un surdoué hyper dynamique doté d'un potentiel énorme, paraît-il. Là encore, j'ai quelques doutes. Il est vrai que ses nouveaux petits camarades du gouvernement n'ont pas l'air de lui laisser beaucoup de place. En plus, avec Macron qui en rajoute en mettant une pression de fou et décidant de tout....
Titre amusant de Libé, Le casse-tête de Castex, facile mais bien.
Il est certain qu'il ne doit pas dormir toutes ses nuits. De toutes façons, comme chante Lavilliers

Le sommeil c'est presque la mort 
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