jeudi 19 mars 2020

Le journal d'un confiné

Le premier jour.
Pour l'instant tout va bien. Finalement on est juste puni de choses futiles. On revient donc à l'essentiel, se nourrir, dormir et vérifier  que son corps est toujours en bon état. 
Par contre, rien à faire et se réveiller à 6h30, c'est pour le moins pénible. Alors on lit. On lit tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi d'ailleurs, un minimum de concentration nécessaire semble faire défaut. L'air de rien, l'angoisse, la peur de l'autre, la peur pour les autres, la peur du lendemain sont presque palpables. 
Le jeune homme qui a été élu par les français nous a déclaré que nous étions en guerre. Belle métaphore, belle prestation mais est-ce l'essentiel, sera ce suffisant ?
Personne le sait ou pire, tout le monde l'ignore !
Alors on s'occupe. Pour ce premier jour, la tâche que nous a confiée M. Castaner est la gestion des attestations. Dans cette situation inédite, ils ont réussi à inventer un truc inutile qui nous a bien soucié. J'ai bien écrit soucié. Sans encre dans l'imprimante, on a organisé un bel atelier écriture pour copier ces attestations dérogatoires. Sans ça, l'indiscipline sera donc punie. On risque la double peine même, car ces braves gens de la marée chaussée risquent de nous envoyer moult postillons ou autres gouttelettes en nous réclamant ce pauvre bout de papier.
C'est comme ça le premier jour.

Fin de la deuxième journée.
Les jours s'écoulent bien tranquillement. La lecture de ces quelques lignes laisse une impression de vitesse et de vide. Des heures où rien ne se passe. Ce n'est pas faux. Il ne se passe  rien et ce serait bien surprenant qu'une période de confinement soit emplie de passion et de rebondissements.
Ne soyons pas difficiles, si les journées se déroulent sans accroc, ce serait plutôt une bonne nouvelle pour la santé des cohabitants. Pourtant, on ne peut pas ne pas s'étonner qu'au 21ième siècle on soit si fragile face un virus, machin invisible qui tue simplement  sans même le vouloir. C'est flippant.
Ce 21ième siècle, je ne l'ai jamais vraiment senti. Il a déjà bien mal commencé avec des avions s'égarant dans des tours, un avènement surprenant d'un nouveau fanatisme religieux, alors qu'on pensait bêtement que le seul fanatisme qui nous rendait innocent était celui du capitalisme ou du consumérisme, j'allais dire débridé. Et puis, pour être honnête, je crains sérieusement que c'est au cours de ce siècle que je passerai de la vie à trépas, sauf si je vis au-delà de 144 ans. Il est vrai que le carré de 12 me plaît bien mais dans la situation actuelle, la moitié ne serait déjà pas si mal.
Alors pour éviter ce type de pensées ou autres menues bêtises, on tente de faire des trucs tout à fait passionnants. Pour ma part, j'ai décidé de préparer de nouvelles plates bandes qui seront susceptibles d'accueillir de nouvelles plantes ou arbustes divers dès que les commerces spécialisés auront rouvert leurs portes. C'est bien car il fait beau, mais c'est salissant. Cela dit, personne ne voit personne.
Edgar Morin, Boris Cyrulnik nous prédisent des lendemains qui chantent. Après cette épreuve, l'être humain va changer. C'est presque sa dernière chance de comprendre les fondements du mot solidarité ou de revenir à l'essentiel. Le mieux vivre ensemble (oui je sais)
C'était le deuxième jour.

Le troisième jour.
Il est probable que nous soyons presque 100 000 à produire un truc qui ressemble à un journal du confinement. Personnellement je préfère le journal d'un confiné, si proche du con fini.
A ce sujet, on dit souvent les français sont indisciplinés de nature, en apportant des excuses, ils sont latins etc...Les italiens sont bien plus latins et pourtant leur confinement semble total. En réalité, une part non négligeable de la population française est stupide et inconsciente à la fois. Nous sommes donc entourés de nombre de cons pas bien finis d'ailleurs. Aussi, je regrette mais j'ai changé d'avis à propos des attestations. Cela doit être vraiment utile pour ces  abrutis.
Pour en terminer avec les modalités de ce confinement, je pense qu'il est inconscient d'autoriser les marchés où toutes les règles ne peuvent être appliquées. De plus ces lieux sont surtout fréquentés par des personnes fragiles. Tout aussi curieux d'encourager la majorité à travailler quelle que soit l'activité. Le danger est aussi important dans les usines ou les chantiers que dans les bars ou cinémas. Apres quelques heures de panique le naturel du libéral revient. Il a les yeux sur le PIB et se rend compte que tous ses calculs de récession sont sous estimés. La santé "quoi qu'il en coûte" mais pas trop quand même.
Trois jours passés.

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