jeudi 30 janvier 2020

Un dernier conseil...

En réalité, c'était l'avant dernier conseil municipal d'une ville moyenne de banlieue ; mais qu'il était plein, qu'il était beau ce conseil, beau, beau et con à la fois.
Le programme de la soirée était principalement consacré au budget 2020. Le maire, en poste depuis bien trop longtemps a commencé par présenter quelques données par des diapositives sensées résumer la situation économique internationale puis celle de l'hexagone avant de produire les chiffres et les orientations de la commune. L’anachronisme de son entrée en matière était flagrant. Sans pourtant faire d'erreur, le candidat sortant s'appliquait à lire ses diapos bien trop surchargées en écrit ou en infographie pour qu'elles apportent quelque intérêt aux spectateurs muets. Comme un spécialiste qu'il n'est pas, il s'évertuait à citer tous les indicateurs que ses services lui avaient fournis. Tout était écrit, il ne pouvait se tromper mais était il en mesure de les comprendre ou de les analyser ? Il critiquait l'Etat sous toutes ses formes comme un populiste de droite classique sans aucun recul. Tout ça paraissait bien théorique et désuet au regard de ce qui allait suivre.
La tension semblait monter d’un cran mais tout paraissait surfait, écrit d'avance.
Après la séquence maire expérimenté démontrant toute sa connaissance des dossiers liés à la fiscalité communale, la phase campagne électorale démarra. L'opposition pouvait enfin s'exprimer. Et elle le fit avec plus ou moins de succès mais toujours avec beaucoup de convictions voire même d'émotions. Les  discours restaient convenus à l'exception d'une opposante innovante dans nombre de constats et d'idées mais aussi de par son éloquence qui d'un coup donnait un coup de vieux fantastique aux intervenants précédents. Les échanges entre vieux de la vieille qui ont suivi, devenaient ridicules, grotesques, risibles pour les uns et abscons pour les autres. L'objet du débat était suranné. Les uns riaient bêtement, les autres grimaçaient se tordant sur leur siège sans trouver la posture qui convenait. Il est vrai que la vie n'est pas facile pour un élu de  droite comme de gauche, souvent bénévole ; les premiers sous le joug d'un autocrate qui  s'ignore, les seconds intimidés par un environnement hostile.
Puis survint Aimé Césaire. Une nouvelle école publique allait porter le nom de cet écrivain, poète; politicien. Le conseil municipal dans son ensemble ne pouvait que se réjouir de cette décision. Seulement l'un des acteurs principaux de cette comédie en trois actes, se délectait par avance du bon tour qu'il jouait à l'un de ses adversaires. De fait, comment pouvait on lui reprocher d'être à nouveau candidat après vingt cinq de règne alors qu'on était  entrain de célébrer un homme qui fut maire pendant cinquante six ans ? C'était pour le moins paradoxal.
Seulement ce qui sépare le vieux candidat sortant du poète antillais, inventeur du concept de la négritude, est bien plus cruel encore. C'est  tout simplement ce qu'on appelle le talent.
Alors un dernier conseil candidat sortant : renoncez pendant qu'il en  est encore temps !

BDC
Une civilisation qui s'avère incapable  de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une  civilisation qui  choisit de fermer les yeux à ses problèmes est une civilisation atteinte.  Une  civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.  AC   

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