lundi 19 octobre 2015

L'ethnocentrisme sans égocentrisme

Le danger de l'universalisme est probablement l'ethnocentrisme. Comment appréhender le monde et sa diversité en s'affranchissant de sa propre culture, de son passé, de son histoire ? Les dés sont alors pipés. On ne peut être sur que les jugements que l'on porte soient purement objectifs. L'universalisme ne peut être complètement universel. C'est au mieux un ethnocentrisme plein de bons sentiments eux mêmes distillés par une histoire peu commune mais dans un espace commun....( faut bien s'amuser...)
Voilà pourquoi il pourrait être plus simple de prôner le multiculturalisme. D'autant plus qu'il peut prendre de multiple formes. Et pour cause, le multiculturalisme est multiple. Il peut être libéral, de gauche, égalitaire et je ne sais quoi encore....le multiculturalisme ne peut exister sans un autre concept politicosociologique qui complexifie un peu plus l'idée d'une société multiculturelle basée sur une culture dominante.
Finalement, on comprend mieux pourquoi le monoculturalisme a tant de succès. Le concept est plus simple. L'ethnocentrisme est assumé, un peu à l'image du colonialisme des siècles précédents. Le monoculturaliste est convaincu de sa supériorité culturelle, sociale, religieuse voire intellectuelle.
Tout ça me fait penser au maire biterrois....qui porte bien mal son nom, car s'il est roi, je vous laisse deviner de quoi .....

3 commentaires:

  1. Bonjour Didstat,

    Vous posez le monoculturalisme comme le contraire du multiculturalisme, ce qui semble en effet assez logique (c'est une loi de fonctionnement de l'esprit humain: toute chose a son contraire).

    Pourtant, le plus souvent, les opposants au multiculturalisme ne se perçoivent pas eux-mêmes comme les partisans d'une monoculture, terme sans doute trop réducteur, mais revendiquent au contraire une certaine diversité culturelle.

    On peut même dire que le thème de la diversité des terroirs, des cultures régionales ou locales, des traditions, des classes sociales, des corps de métiers, des origines familiales et même raciales des personnes est central dans leur discours.

    En fait, j'ai rarement entendu un opposant au multicu affirmer que la culture française - puisqu'on parle d'elle - était une monoculture, ce qui serait d'ailleurs assez sot. Et puis une monoculture de quoi? De la betterave? Ca ne tient pas la route.

    Cependant, il y a bel et bien une opposition forte au multicu. Mais alors, elle veut dire quoi? Si on écoute bien cette opposition, en entend 3 notes dans l'accord parfait.

    La première note veut dire que toute diversité ne peut bien se concevoir que sous un ordre unique qui la transcende et l'englobe: on a le droit à la différence individuelle, mais subordonnée à un régime politique unique qui opère la fusion des individus dans un grand tout. C'est un vieux fantasme, la fusion dans un grand tout.

    La deuxième note veut dire qu'une société doit conserver une certaine homogénéité: les différences qui séparent les individus ne doivent pas être trop grandes. Il faut que les individus aient des cultures compatibles. S'il existe dans la société un groupe qui se distingue trop du reste, il faut que ce groupe reste minoritaire de telle sorte que la majorité conserve la maitrise du projet politique.

    Et la troisième note veut dire qu'il y a des cultures extérieures qui sont incompatibles et qui ne peuvent, en l'état, être intégrées au système. C'est l'étranger dans toute sa splendeur (le migrant, l'immigré, le réfugié, le musulman, etc), le monde mondialisé avec ses menaces qui transpercent des frontières poreuses (pollution, maladies, terrorisme), le libéralisme économique et sa concurrence généralisée, etc. Rien ne fait plus horreur que le sentiment de ne plus être chez soi.

    Cette troisième note est dominante dans l'accord: c'est elle qui a le contenu identitaire le plus fort, et c'est par elle que l'oreille distingue nettement un intérieur d'un extérieur. Mais c'est aussi la note la plus étrange: si c'est bien celle qui permet à un Français de se différencier du reste du monde, elle ne lui dit pas en quoi il est français.

    Dans un fil de dial, sous le billet d'un blogueur historien, un locuteur affirme ainsi qu'il est français car il aime la charcuterie, le vin et les femmes. Une internaute lui répond alors qu'elle est française aussi, mais qu'elle n'aime pas le vin et la charcuterie. En voilà un qui a universalisé son point de vue et qui se retrouve assez banalement confronté à son ethnocentrisme egocentré par une femme qui lui dit simplement que les éléments d'identification à la nation française qu'il met en avant ne sont pas unanimement partagés. Zut alors!

    Bon, en résumé, l'opposition au multicu veut simplement dire qu'on veut pas des Noirs, des Arabes et des musulmans, et encore moins des Gitans, que l'Europe nous fait chier, Allemagne en tête, que les Américains nous emmerdent, que les Chinois nous foutent la trouille et qu'on aimerait bien être peinard, comme des bigorneaux dans leur coquille. Et si on pouvait gagner de temps en temps au foot et au rugby, on serait vraiment sûr d'être encore les meilleurs des meilleurs, ce qui serait pas plus mal.

    Normalement, c'est pas bien méchant.

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    1. J'apprécie beaucoup votre exemple de commentateurs, un peu caricatural mais tellement vrai dans une époque où l'expression prime sur la réflexion. Car, enfin l'universalisme sans prise de recul ou tout simplement honnêteté ou recherche d'honnêteté intellectuelle, n'a aucune chance d'être approché.
      Merci tschok pour votre complément ou plus exactement de votre développement

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  2. Oui, c'est d'autant plus étonnant que ni le saucisson ni le pinard ne sont spécifiquement français.

    Plus drôle encore, le capitalisme se jouant des frontières et des représentations mentales qu'elles génèrent, rien n'exclut que les producteurs français de pinard et de saucisson passent sous contrôle étranger, pourquoi pas chinois.

    La Tribune nous apprenait ainsi en 2013 que Justin Bridou, Cochonou et J Gaby, auparavant américains, d'ailleurs, étaient passés sous contrôle chinois, de même qu'un Saint Emilion:

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130529trib000767251/justin-bridou-etait-americainmaintenant-il-est-chinois-.html

    Assez bizarrement, alors que la Chine étend sur le monde un empire capitaliste tentaculaire dont même les Américains se méfient, la diaspora chinoise est absente du discours négatif sur l'immigration. Elle est même donnée en exemple, tant il est de notoriété publique que les Chinois s'intègrent sans faire de vague.

    Pourtant, la Chine est une puissance bien plus invasive que l’immigration traditionnelle: avec les Chinois, le Grand Remplacement a lieu sans même que l'on s'en rende compte, mais vous n'entendrez pas quelqu'un comme Anton, par exemple, ou Didier Goux, délirer sur la Chine. Ils se focalisent sur ce qui est immédiatement visible et facile à identifier, typiquement le Noir, l'Arabe, etc.

    Non seulement l'expression prime la réflexion, mais quand réflexion il y a, elle s'applique plus volontiers à ce qui apparaît en surface, dans l’ordre de l'immédiatement visible et du simple.

    Condamnés à la superficialité du ressenti, nous pourrons donc, comme ce locuteur français, continuer à utiliser le saucisson et le pinard comme des marqueurs de la nationalité française sans nous douter que nous enrichissons le capitalisme chinois en les consommant.

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